Le S&OP, un « must »?

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L’aura acquise par le processus S&OP parmi les professionnels de la supply chain est considérable. Collaboratif, transversal, tactique, le S&OP serait le processus de planification ultime pour optimiser les stocks, maîtriser les coûts et garantir le taux de service client attendu.

Faisons néanmoins quelques constats:

  • De nombreuses entreprises ont créé des supply chain performantes sans recourir au S&OP.
  • Ce processus est long à mettre en place, mobilise des ressources importantes, requiert au niveau de ses contributeurs une grande discipline, et ne donne en général pas de résultats rapides.
  • Rarement, on a recouru à un même concept pour décrire des pratiques aussi disparates.
  • Une fois en place, le S&OP chapeaute et orchestre tous les processus de planification de la supply chain. il n’est donc pas surprenant qu’on lui attribue toutes les réussites.

D’où la question : le S&OP est-il vraiment un « must » ? 

Est incontournable ce qui fait la réussite de votre planification opérationnelle

La performance de votre supply chain repose in fine sur la pertinence des décisions de votre planification opérationnelle (besoins, approvisionnement, production, stockage), ainsi que sur la capacité et la fiabilité des équipes chargées sur le terrain de leur exécution (respect des décisions, des délais, et des conditions d’exploitation imposées).

Nous nous interrogerons uniquement ici sur les aspects liés à la planification. Quelles que soient les caractéristiques de votre supply chain, il y a quelques prérequis incontournables dont vous devez disposer, pour gérer efficacement l’horizon opérationnel et court terme :

  • Des stratégies de production, d’approvisionnement et de stockage adaptées pour assurer la disponibilité de vos produits finis (ex : MTS vs MTO), des produits intermédiaires et des matières premières
  • Des compétences, des outils (modules de planification d’ERP, APS) et des fonctionnements vous permettant d’alimenter et d’actualiser de manière pertinente et réactive vos prévisions de ventes, votre MPS et votre MRP
  • Des circuits de décision courts et transparents

Le « must » donc, c’est que ces conditions de performance comptent parmi vos acquis. 

Dans quel cas doit-on aussi mettre en place un processus S&OP ?

On entend souvent vanter les vertus collaboratives du S&OP. Tel responsable l’aura mis en place pour prendre en compte différentes sources métier ou filiales dans la construction des prévisions de ventes. Tel autre pour permettre aux fournisseurs et clients internes d’une supply chain segmentée et complexe de mieux communiquer. Ces problématiques sont certes couramment traitées dans le cadre d’un S&OP, pourtant elles ne sont pas des conditions suffisantes pour justifier de sa mise en œuvre. En effet, une prévision collaborative des ventes, une planification multi-échelon, lorsqu’elles s’appliquent à la maille produit, peuvent s’appuyer sur des méthodes et des outils sophistiqués sans qu’il soit par ailleurs nécessaire de dérouler les multiples étapes de validation propres au S&OP.

En fait, le S&OP répond à un objectif précis : ajuster le rapport charge/capacité. Dans de nombreux secteurs, une capacité mal calibrée par rapport aux besoins peut rapidement ruiner les efforts et les résultats d’une planification opérationnelle par ailleurs très au point. Or, l’ajustement des ressources capacitaires repose souvent sur des décisions complexes, coûteuses et longues à mettre en œuvre. Il nécessite dès lors une vision élargie, sur un horizon de moyen terme qui dépasse celui de la planification opérationnelle. Dans des environnements industriels soumis à des variations fortes et récurrentes des besoins capacitaires, la mise en place du S&OP est donc non seulement utile, mais indispensable. Il y a alors plusieurs manières de l’envisager, c’est un sujet que nous développerons dans un tout prochain post.


 

Chers lectrices, chers lecteurs

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Chers lectrices, chers lecteurs,

J’ai créé ce blog pour toutes celles et ceux qui s’intéressent aux métiers de la Supply Chain et des Opérations. Je souhaite y partager des idées concrètes et y donner des conseils pratiques sur les enjeux forts du moment. Vous y trouverez donc des posts sur l’optimisation des stocks, le processus PIC, la prévision collaborative des ventes, entre autres sujets brûlants.

Une supply chain performante offre à ses clients un niveau de service irréprochable, des stocks au plus bas, des coûts optimisés et un moindre impact au bilan carbone. C’est bien entendu un défi en soit. Un défi encore plus grand est d’obtenir cette performance dans la régularité et dans la durée.

Le Lean Manufacturing, approche qui a transformé en profondeur les pratiques sur les chaînes de production à partir des années 1970, a eu à ce titre des résultats probants. Certes, une Supply Chain ne se gère pas dans le même « espace-temps » qu’une chaine de production. Une chaîne d’approvisionnement est géographiquement et fonctionnellement plus complexe. Il est fréquent qu’elle combine négoce, fabrication, stockage, transport et distribution, sur de nombreux sites. Mais la portée actuelle des systèmes d’information permet de relativiser cette différence. Dans l’approche « Lean », efficacité et fiabilité des opérations sont pensées à chaque étape de la chaîne, mais aussi dans la globalité du flux. On investit par ailleurs beaucoup dans les processus collaboratifs, qui viennent en renfort des actions d’optimisation et autres approches prédictives appliquées tout au long de la chaîne.

Personnellement, la connaissance du Lean Manufacturing a été une source profonde d’inspiration tout au long de mes années de pratique dans la transformation et le pilotage de la Supply Chain. D’où, dans le titre de ce blog et dans les posts que vous lirez, l’importance du marqueur « Lean ».

Bonnes futures lectures !