Typologie des stocks, un levier essentiel d’efficacité

Les typologies classiquement utilisées par les entreprises pour suivre leurs stocks sont un frein à la réduction des stocks

La plupart des états de suivi des stocks, actualisés chaque mois par les Directions Financières, reprennent le découpage de l’entreprise et de ses marchés. Le reporting type établit les volumes et la valeur de stocks par site et/ou par zone (usine, entrepôt, filiale/pays) et par business (BU, familles de produits). Lorsque des analyses plus détaillées existent, on en trouve qui reposent sur une classification ABC des produits. Une relation peut ainsi être établie entre la valeur des stocks et le niveau de contribution des produits correspondants, en chiffres d’affaires et/ou en marge.

Ces typologies permettent certes de suivre l’évolution des stocks, d’identifier les dérapages, et de relever d’éventuels paradoxes de gestion. Mais elles n’offrent qu’une vision très myope des mécanismes à l’œuvre pour aboutir au niveau de stock constaté. Elles ne disent pas non plus grand-chose du bien-fondé des différents niveaux de stocks, ni des causes des variations qui peuvent être constatées. Pire, elles peuvent parfois conduire à de mauvaises interprétations. Prenons l’exemple d’un produit phare, à forte contribution pour l’entreprise. On pourra facilement considérer qu’un stock de sécurité élevé est parfaitement justifié. Or, si les ventes sont prévisibles et les délais sous contrôle, un tel raisonnement conduira de fait à entretenir un surstock.

Pour une typologie des stocks liée aux contraintes de flux

D’un point de vue pratique, un stock est la conséquence d’une succession de durées d’immobilisation d’un produit, correspondant à des étapes ou à des fonctions caractéristiques du flux qu’il parcourt jusqu’au client final. Décomposer un stock selon des critères liés aux flux permet de relier des quantités à des contraintes d’exploitation, et donc à de possibles leviers d’actions. Par extension, et sur la base d’analyses plus poussées, ces leviers d’actions permettent d’évaluer des gisements d’amélioration et à des espérances de gains. Dans cet esprit, je propose d’adopter une typologie comprenant 3 grandes catégories ou familles de stocks:

1. les stocks « tampons », qui couvrent les incertitudes de l’exploitation, et qui sont constitués pour livrer les clients dans les délais
2. Les stocks « d’excès d’exploitation », qui sont les surstocks engendrés par les quantités minimum imposées à la livraison
3. Les stocks « de mouvement et d’encours », constitués par les produits qui subissent un transport ou une transformation, et qui ne sont pas (encore) disponibles pour le client, interne ou externe

Cette typologie crée la distinction entre les stocks « utiles aux clients » (les stocks tampons), et ceux dont les clients ne tirent aucun bénéfice, parce qu’ils sont imposés par les processus et les flux d’exploitation. La réduction des stocks non « utiles aux clients » fait toujours l’objet, au moins sur le principe, d’un consensus fort dans l’entreprise. Il est donc habile de s’y consacrer en premier.

Il est par ailleurs important, dans le commerce de détail, de prendre en compte la contrainte particulière du stock merchandising. Il s’agit du stock présent en rayon à la vue des clients. Or, Outre le fait d’assurer la disponibilité du produit, il a aussi pour rôle de garantir un effet volume, dont il est reconnu qu’il a un impact sur le panier moyen.

Lorsque cette classification est en place au premier niveau, il est en général pertinent de reprendre au niveau inférieur les critères plus classiques que nous avons évoqués plus haut (par site et par famille produit)

Dans mon prochain post, nous ferons une revue détaillée des 3 catégories de stocks que nous avons introduites : Les stocks qu’elles englobent, les leviers opérationnels disponibles pour un travail d’optimisation, et enfin les arbitrages économiques et commerciaux en jeu